Depuis quelques jours, une majorité de Maliens assistent, tétanisés, à une escalade verbale, presque physique, inquiétante entre groupes politiques et sociaux sur fond de tensions autour de décisions exécutives diversement appréciées.

Les surenchères se multiplient et les face-à-face se tendent. Des expressions violentes, jadis entendues sur les théâtres les plus tragiques de l’histoire contemporaine, refont surface dans le débat public, portées sans recul par des partisans zélés. Le débat cède la place à la disqualification. L’espace public se crispe, et la frontière entre désaccord légitime et hostilité déclarée s’amenuise.

Et pourtant, les populations, jusqu’ici, avaient fait preuve d’une résilience remarquable, malgré l’ampleur de la crise multidimensionnelle.

Toutes n’étaient pas d’accord sur la trajectoire empruntée. Mais le pouvoir en place a su capter l’adhésion sincère de franges importantes de la société, consolidant un fragile modus vivendi. Ce compromis implicite a permis, à défaut d’un véritable consensus, que des désaccords soient tus, des tensions contenues, et qu’une forme d’espérance, aussi improbable fût-elle, se maintienne, malgré des décisions souvent clivantes et des silences parfois lourds.

La récente montée en intensité verbale glisse peu à peu vers la menace directe. L’autorité publique se voit défiée par ceux qui s’arrogent le monopole de la force, À la fracture territoriale, que les autorités tentent de recoudre, s’ajoute une division idéologique, où les valeurs jadis partagées, autrefois ciment de la nation, s’effritent. Les mots d’ordre divisent plus qu’ils n’unissent. Le tissu national, lui, se déchire.

Évidemment, j’ai un parti pris assumé : celui du droit.
Non par allégeance à un camp, mais parce que sans cadre légal, la loi du plus fort prévaut – et l’histoire malienne, des crises post-indépendance aux soubresauts récents, montre que cette loi ne protège personne, ni les puissants, ni les faibles.
C’est pourquoi des voix doivent s’élever, claires et résolues, pour appeler à un dialogue inclusif : restaurer un espace où le droit prime sur la force reste un défi à portée de main.

Jusqu’ici, le pays tient.
Comme le roseau de la fable, il plie mais n’a pas rompu.
Et la vraie question n’est plus : jusqu’à quand ?
Mais : qu’est-ce que nous sommes encore prêts à défendre, ensemble ?

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