Ils étaient jeunes et vieux, hommes et femmes à venir écouter, au pied du monument de la paix de Tombouctou, la vie et le parcours de celui qui aura fait rayonner la culture malienne au-delà du continent africain. Il s’agit de Ali Farka Touré. L’homme au doigté magique, l’homme à la science de la musique et de la guitare a été raconté et conté aux plus jeunes et rappeler aux bons vieux souvenirs des plus âgés.

Pour l’occasion, son digne héritier, Vieux Farka Touré était en première ligne. Cette initiative de son club de soutien dans la région de Tombouctou visait à contribuer en plus de faire plus connaitre Ali Farka Touré à raffermir les liens entre les communautés vivant dans la région.

Une fraternité et une union auxquelles Ali Farka aura consacré toute sa vie selon le conférencier, Abdrahamane Yattara dit vieux. Si « l’homme-orchestre » est plus connu pour sa science de la musique, Abdrahamane Yattara qui, enfant à Niafunké a vu le père de vieux Farka contribuer à la fraternité des communautés dira qu’il est « resté toujours égal à lui-même » communiant avec autant les adultes que les plus jeunes.

« Ali Farka avait toujours sa porte ouverte pour même les enfants de 06 ans qu’il pouvait écouter religieusement. Il lui arrivait de recevoir des plus jeunes à minuit et de leur rendre service sans jamais se départir de sa bonne humeur » a dit le conférencier.

Le « précurseur de la culture du riz à Niafunké » était aussi selon le conférencier un grand entrepreneur, un homme de la terre qui a su révolutionner l’agriculture dans sa ville natale de Niafunké. « C’est Aly qui est le premier à cultiver le riz à Niafunké. Si au départ personne ne croyait à son projet, aujourd’hui, l’alimentation principale de Niafunké c’est le riz pour dire que c’était aussi un grand agriculteur en plus du grand musicien qu’il était ».

Ali, Un créateur hors-pair

En musique, Ali Farka était un créateur. Il avait l’habitude de dire « les autres cherchent les branches et les feuilles et moi je cherche la racine et le tronc » pour dire qu’il est un « créateur » et non simple « repreneur ».

Celui qui est né en Octobre 1939, qui faisait des corvées pour des artistes pour pouvoir toucher quelques cordes de guitares quelques minutes, qui a appris à jouer à partir d’un guitare miniature fabriquée à partir  d’une boite de sardine qu’il a lui-même fabriqué avait selon le conférencier une dimension spirituel.

« Encore aujourd’hui, des plus vieux que moi pourront vous le témoigner, à Niafunké, il y avait des endroits que le commun des mortels ne pouvaient impunément visiter à certaines heures mais Aly lui était un assidu de ces places que l’on appelait des places de Djinnes » a dit Abdrahamane Yattara devant un public conquis et fasciné par des facettes nouvelles de l’homme qu’il découvrait.

L’unique artiste africain au trois Grammy Awards a été magnifié par plusieurs témoignages pour son sens de l’humain, de la fraternité et du vivre ensemble. Un lourd héritage que son fils Vieux Farka et son club de soutien à Tombouctou se donnent pour mission de perpétuer, de véhiculer et de transmettre. Car en Ali Farka et en son parcours se trouvent tous les ingrédients du vivre ensemble, du travail, de l’abnégation et du succès.

Mohamed Dagnoko, envoyé spécial à Tombouctou

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