Les dirigeants africains ont décidé de créer une agence souveraine africaine de notation au mois de juin prochain. Car ils estiment que les critères de notation des agences sont fondés sur des facteurs qui n’ont pas des liens spécifiques avec les aspects économiques. Ce qui très souvent comme conséquences l’augmentation du coût du crédit accordé aux pays africains, d’après eux.

C’est pourquoi lors du 38ème sommet de l’Union Africaine tenu en Éthiopie, Addis-Abeba, le 16 février dernier, il a été décidé, entre les chefs d’État et de gouvernement des 55 pays membres, de la mise en place d’une agence de notation souveraine au mois de juin 2025.

Une structure qui va fournir des informations fiables sur les pays africains prouvant leurs capacités de remboursement de dettes et de prêts en toutes objectivité.

En effet, les investissements et les prêts pour un pays tiers sont conditionnés à l’évaluation des agences de notations souveraines. Très souvent victime de notation erronée, l’Afrique a décidé de créer sa propre agence de notation souveraine pour offrir une diversité d’opinions aux investisseurs dans leur prise de décision concernant les prêts et les achats des obligations dans les pays africains.

Qu’est-ce qu’une agence de notation souveraine ? Qu’elle est son apport pour le continent ?

Selon les spécialistes, une Agence de Notation Souveraine est une structure qui évalue la capacité des pays à la recherche d’investissement afin de rembourser les éventuelles dettes.
<< Quand un pays sort sur les marchés des capitaux internationaux, les investisseurs évaluent ses notations souveraines. Évidemment cela pose quelques difficultés pour certains pays, parce que ces agences sont toutes basées dans les pays occidentaux. Les Africains se sont beaucoup sentis léser et ont juste raison. Après le 38ème  sommet, il a été donc décidé de mettre en place à partir de juin 2025, une agence souveraine africaine de notation>>, a expliqué l’économiste Malien Modibo Mao Macalou sur les antennes de l’ORTM.

Pour lui, il s’agit plutôt de corriger les notations inadaptées. Pourquoi ? Parce que, dit-il, les évaluations ne sont pas contextualisées. Elles ne font pas recours à l’expertise locale. Elles sont faites par des agences qui sont situées en dehors du continent.

À l’en croire, cette structure va donc permettre d’évaluer objectivement les risques auxquels les pays sont assujettis en prenant en compte des aspects exogènes comme le climat, les conflits, les données locales (politico-institutionnelles). << Il s’agira essentiellement d’évaluer in fine les capacités de remboursement>>, a-t-il dit.

Est-ce une bonne chose pour le continent ?

Pour Macalou, c’est une excellente idée pour les Africains, car il faut vendre une meilleure image de l’Afrique tout en décuplant la capacité de remboursement des cycles politico-institutionnelles. Selon lui, ailleurs, ils ne prennent que les aspects les plus négatifs de l’Afrique et c’est à nous d’équilibrer cela.
<< Mais encore faut-il faire savoir ce que cette agence va faire. Il faut mener des campagnes de sensibilisation et de communication pour que ces données puissent être à la portée des investisseurs>>, a-t-il conseillé.

Comment doit-elle procéder ?

Par ailleurs, il demande de s’inspirer de ce qui a été fait en Asie et ailleurs. Pour lui, la nouvelle structure doit donner des éléments que les autres agences extérieures ne peuvent pas donner. En recourant aux expertises locales, aux données actualisées.

<< Il y a trois correctifs essentiels qu’il faut apporter concernant les facteurs exogènes, la validation et l’actualisation des données locales qui ne sont pas toujours disponible au niveau international>>, a-t-il fait savoir.

Il existe combien d’Agence de notation souveraine ?

Cependant, il existe plusieurs agences de notations souveraines dans le monde. Parmi elles, trois grandes agences se font distinguer. Il s’agit de : Moody’s Investor Service (Moody’s), Fitch Ratings (Fitch) et Standard & Poor’s, toutes évoluant dans les pays développés.

Il existe également des agences de notation européennes, comme Scope Ratings ou Credit reform Ratings.
Aux dires des spécialistes en économie, ces agences de notation financières sont spécialisées dans ce que l’on nomme en anglais le « rating ». Elles se chargent d’évaluer le risque de solvabilité des emprunteurs. Les emprunteurs, dans ce cas précis, peuvent être des entreprises privées ou publiques, des États, des collectivités locales comme les départements ou les régions, des communes.

Le rôle des agences de rating est de mesurer précisément le risque de non remboursement des dettes que présente l’emprunteur, on parle aussi de la « qualité de la signature ».
C’est-à-dire évaluer la capacité d’un émetteur à honorer un paiement de titres de dette (obligations, prêts bancaires…). Ça peut être des entreprises, des établissements de crédits, des compagnies d’assurance, des collectivités territoriales, des États souverains etc.

Et le résultat de cette évaluation est exprimé sous la forme d’une note, dont l’échelle va de “AAA” (note maximale) à “D” (défaut de paiement). Donc meilleure est la note obtenue, plus le placement de la dette est aisé et moins il est coûteux pour l’emprunteur, selon l’avis des experts.

Pour rappel, entre février et septembre 2022, la note souveraine du Mali est passée de Caa1 à Caa2, de positif à négatif, après les sanctions économiques injustement imposées par la CEDEAO, puis la situation économique est revenu stable sans que la notation n’évolue. L’agence Moody’s avait pris une nouvelle mesure en septembre, après la levée des sanctions. Le Mali a évolué de “Négative” à “Stable”, même si la notation est restée inchangée, à Caa2.

Une situation qui prévaut dans beaucoup de pays africains. Ce qui a motivé les dirigeants africains à prendre cette initiative qui est salutaire pour la souveraineté du continent.
Moussa Sékou Diaby

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