Le pays profond regorge de richesses culturelles méconnues et inexploitées. Dans la région de Bougouni, le village de Faragouaran, situé à 35 kilomètres en fait partie. Riche des vestiges de son imposant Tata et du site jadis occupé par les colonisateurs, l’histoire de Faragouaran peut trouver place dans les manuels scolaires d’histoires du Mali.

Il est 09 heures passées de quelques 30 minutes. Après une nuit sans vraiment dormir, les festivaliers qui sont restés tard faire la fête avec le groupe de Rap Bife nix, Maïmouna soumbounou et Doussou Bakayogo, se retrouvent devant l’hôtel Piémont. Les mines ne sont pas des plus éclatantes. Mais l’alléchant programme du jour  donne envie de se passer du sommeil. Les quelques retardataires se cherchent vite des sandwichs et c’est le départ pour Faragouaran.

Le convoi de 06 véhicules dont une sotrama et un minibus transporte les organisateurs du festival, les journalistes, les acteurs culturels de la région et la forte communauté burkinabè.

Sogola, Nkozama, Tentou, les dos d’ânes, œuvres des villageois pour certainement ralentir la course des véhicules, ressemblent à ce que l’on appelle ici ironiquement des « bérets rouges couchés ».

Ma Toyota yaris, la plus petite du convoi, avec à son bords cinq grands colosses s’est très souvent trainée sur le ventre pour se sortir d’affaire, avec ce bruit du tuyau sec qui vous fait ressentir ce pincement au cœur. 1 heure de route plus tard, Farangouana se découvre à nous.

Paisible et traversé par le goudron. La quiétude du jour est perturbée par les chants et le son des instruments de musiques locaux avec lesquels les femmes, les autorités coutumières et les jeunes accueillent la délégation venue de Bougouni avec à sa tête, Seydou Coulibaly, promoteur du festival Didadi.

Les poignées de mains avec le Maire et les autorités locales sont chaleureuses. Les cameramen et les photographes se pressent pour ne manquer aucune image de ces moments de fraternité et de convivialité.

Un peu derrière, la délégation burkinabè suit. Drapeau flottant dans les aires, vêtus en majorité du maillot des étalons du Burkina, elle suscite la curiosité des villageois avant que les explications du maître de cérémonie fassent comprendre la nature de la délégation.

Autre chose qui n’a pas manqué d’attirer l’attention, cette fois-ci de votre reporter sont les noms inscrits sur ces maillots : Suspect 226, Fatoumata l’intouchable, Iron Biby junior.

Passé le temps des curiosités, le décor est campé, les discours de bienvenues et de remerciements s’enchainent et c’est ensuite le départ pour les hauteurs de Farangouana.

Des piétons, des motocyclistes se sont joints au convoi pour aller à la découverte du site occupé par les colonisateurs français en 1894.

Découverte car en plus des membres de la délégation venue de Bougouni, c’était aussi une découverte pour de nombreux habitants du village.

« Nous avons souvent entendu parler de ce site dans des conversations d’adultes sinon rien de plus. Personne ne nous a vraiment dit ce qu’il y a eu ici ». C’est la réponse que nous ont donné deux adolescentes, sacs au dos, qui font la 9èmeannée.

Et pourtant, face à plus de cinquante visiteurs, le guide du jour, Mamadou Bakayoko, natif du village s’époumone pour expliquer que ce site a été occupé de 1894 à 1895 par des français qui ont ensuite quitté pour s’installer à Bougouni. Sur les raisons de ce bref séjour, il évoque le manque d’eau et la position stratégique de Bougouni, qui est une ville carrefour.

Si ses explications sont soutenues par des vestiges en banco, qui auraient servis de maisons aux français, le directeur de l’école du village depuis 11 ans, Mamadou Doumbia dit, lui aussi apprendre cette histoire en même temps que nous les visiteurs d’une journée.

Visiblement séduit par ce qu’il a entendu, et semblant s’accuser de ne l’avoir appris plutôt, il veut pour se racheter, trouver le moyen de documenter cette histoire pour l’enseigner aux enfants du village.

Après avoir mitraillé ce site de nos flashs, nous quittons pour la visite du Tata. Cette forteresse qui jadis protégeait la ville contre l’invasion des troupes ennemis. Antérieur à l’arrivée des français, ici, on ne sait pas il a été construit exactement en quelle année. Vaguement on évoque la période samorienne. Période pendant laquelle les guerres de dominations et de conquêtes étaient légion. « Même auprès de nos pères nous n’avons pu savoir la date de construction de ce Tata » dit Mamadou Bagayoko.

Selon lui, ce Tata, vieux de plus de 130 ans doit sa résistance à ses matériaux de construction. « Avec de l’argile trempée dans du beurre de karité on obtenait une manière imperméable à l’eau. C’est ce qui a servi à la construction de cette forteresse ».

Se tenant juste à mes côtés, le directeur régional du tourisme de Sikasso, Sanoussi Traoré d’ajouter que la forme serpentée du Tata avait pour objectif de le rendre résistant aux vents.

Lui qui côtoie chaque jour les vestiges du célèbre Tata de Sikasso, en sait un bout sur l’histoire des Tatas du Mali.

Avant de quitter les lieux, Iron Bibi junior a tenu à gratifier le public d’un spectacle musculaire. Sous les hourras et les applaudissent, il a, sur une centaine de mètres tiré un véhicule de type Toyota RAVA4 qui avait le frein à main baissé. Ce sont des détails.

L’essentiel c’est que Iron Bibi junior était fier de sa prouesse, le public le lui rendait bien. Sur la roue du retour, même calvaire avec les « bérets rouges couchés » et une halte à Sogola, le village de ma femme.

Si tous étaient contents des découvertes, moi, j’étais doublement content. Finalement je suis le plus heureux de cette sortie touristique dans le cadre de la 11ème édition du festival didadi de Bougouni.

Mohamed DAGNOKO, envoyé spécial à Bougouni

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