Mahamadou Ouologuem directeur national de l’urbanisme et de l’habitat a fait le point aux notabilités et légitimités traditionnelles de la capitale sur les activités de libération des servitudes et lits des cours d’eau qui démarreront bientôt dans le district.
En effet, les dernières innondations survenues en 2013, 2019 et 2024 ont causées plusieurs dégâts et des pertes en vie humaine à Bamako. Selon les autorités, elles ont été aggravées par l’obstruction des passages d’eaux de pluies à travers les occupations des servitudes et lits des marigots.
Pour réduire les impacts négatifs des inondations sur les populations, le gouvernement envisage de procéder avant l’arrivée de la saison des pluies, à la libération des servitudes et lits des onze collecteurs naturels du district de Bamako.
Pour ce faire, un plan d’action a été élaboré et adopté par le comité interministériel de gestion des crises et catastrophes. Dans ce plan d’action, il est prévu entre autres, une campagne de sensibilisation et de communication, la préparation de la libération des servitudes et collecteurs naturels dans la capitale, la prise des mesures d’accompagnement, les opérations de libération des servitudes et lits des marigots et le contrôle et suivi post libération, selon le gouvernement.
A en croire Mahamadou Ouologuem, directeur national de l’Urbanisme et de l’Habitat, les autorités prévoient une vaste opération de démolition des constructions réalisées sur les servitudes et lits des 11 cours d’eau non flottables qui traversent la ville de Bamako avant l’hivernage.
À ses dires, son service a recensé plus de 700 occupations illicites sur les lits et servitudes des 11 cours d’eau du district de Bamako. Des occupations qui doivent être libérées avant le début de l’hivernage.
Pour cela, une commission a été mise en place par lui sous le contrôle de son ministre de tutelle. Elle est composée de plusieurs services techniques, des sous-préfets, des légitimités traditionnelles, de la jeunesse, des femmes etc. Ensuite cette commission a été repartie en cinq sous-commissions avec des tâches différentes.
<< Nous avons la certitude que ceux qui sont dans les lits des marigots n’ont eu aucune autorisation au préalable. Ils n’ont pas de papiers. Ceux qui sont dans le plan, qui ont des papiers ont profité pour ajouter quelques mètres sur les parcelles. Ces espaces seront libérés. Ceux qui sont beaucoup touchés par ces opérations sont ceux qui sont dans les marigots et ceux qui occupent les servitudes >>, a expliqué Mahamadou Ouologuem, directeur national de l’urbanisme et de l’habitat.
Pour lui, les servitudes sont ces espaces (les 5 mètres) qui ont été laissés délibérément de chaque côté des marigots pour faciliter le passage d’eau en cas de fortes précipitations.
Cependant, il dira qu’ils ont constaté dans certaines localités, que les citoyens ont pris tellement d’espaces, que les marigots même ne dépassent pas cinq mètres. Et en cas de forte pluie, les eaux vont prendre d’autres chemins. Ce qui va occasionner des dégâts chez d’autres qui ne sont même pas aux abords de ces marigots.
<< Selon les données météorologiques, la pluie sera plus abondante cette année que l’hivernage précédente. Est-ce qu’il faut s’assoir et attendre que les mêmes choses se produisent cette année encore ? Selon le gouvernement, c’est non! C’est pourquoi il a décidé d’envisager ces opérations de libération des servitudes et lits des marigots par les occupants dans le district de Bamako >>, a-t-il expliqué.
Sur quoi les Sous-commission vont travailler ?
Pour le directeur de l’urbanisme, les différentes sous-commissions sont déjà à pied d’œuvre. Tout sera fin prêt avant l’arrivée des premières pluies.
À l’en croire, le travail de la première sous-commission consistera donc d’aller vers les occupations de ces servitudes pour les sensibiliser de libérer ces espaces. La deuxième sous-commission aura comme tâche de partir vérifier, identifier les installations qui seront libérées et informer les personnes concernées. La troisième, la sous-commission sociale a pour fonction de recenser les familles qui sont concernées par cette libération et de procéder à la remise d’une somme symbolique couvrant le frais de trois mois de loyer à chaque famille selon leurs besoins. D’après le directeur, c’est pour leur permettre de chercher des maisons à louer ailleurs avant le démarrage des travaux de libération qui se fera avant le début de l’hivernage.
La quatrième sous-commission travaillera sur la libération des servitudes et la cinquième, la sous-commission juridique veillera à ce que les personnes qui ont reçu des convocations et qui ont même fait l’objet de procès verbal d’infraction avant leurs travaux ne puissent se faire passer comme des victimes.
<< Beaucoup de familles ont reçu des convocations pour arrêter les travaux depuis bien avant leurs installations. Certains ont même fait l’objet de PV d’infraction au tribunal mais, ont quand-même continuer de travailler>>, a-t-il regretté.
Selon Mahamadou Ouologuem, à chaque innondation ils font des constats. La valeur des réalisations faites sur ces espaces est estimée à plusieurs milliards. À ce niveau, ils sont en train de voir les mesures d’accompagnement qu’il faut.
<< Depuis 2013, après les dégâts causés par les eaux de pluies, surtout en commune I du district de Bamako, nous sommes passés voir les occupations, pour les enregistrer et nous avons constaté que les travaux réalisés dans les lits de ces marigots sont estimés à plusieurs milliards. De ce côté également, nous allons voir comment procéder pour les mesures d’accompagnement>>, a-t-il indiqué.
Pour Mahamadou Ouologuem, les travaux qui vont bientôt démarrer soulagera tout le monde. Y compris les occupants qui sont les premiers touchés en cas de forte pluie. Aux occupants, le gouvernement ne s’entend pas s’arrêter en cours de chemin. Il est déterminé à aller jusqu’au bout pour le bonheur des populations de la capitale avant les prochaines pluies.
Est-ce que ces collecteurs seront aménagés après leur libération ?
Le directeur national de l’urbanisme et son ministre sont clairs sur cette question. Ouloguem rassure qu’après démolition, ils vont poursuivre les travaux d’aménagement de ces collecteurs. Il révèle que déjà le Projet Résidence Urbaine de Bamako (PRUBA) a promis d’aménager trois collecteurs, un projet financé par la banque mondiale. << Il y a de l’argent mais tant que les lieux ne sont pas libérés, on ne peut pas parler d’aménagements. Depuis 2018 la coopération Allemande GIZ a promis 20 milliards pour l’aménagement de deux marigots. Les études ont été menées, l’argent est disponible, mais on a pas pu libérer ces espaces >>, a-t-il dit.
<< Il existe beaucoup de projets. Il y a les partenaires mais c’est à cause des occupations des servitudes que les partenaires n’arrivent pas à intervenir. Ils ont beaucoup d’exigence concernant les personnes affectées par le projet. Il existe des projets depuis 2013, des projets qui ont eu des financements aménager les collecteurs dans le district mais c’est bloqué à cause de l’occupation. Ils n’ont pas pu les mettre en œuvre >>, a ajouté Imirane Abdoulaye Touré, ministre de l’urbanisme et de l’Habitat, des domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la population.
Moussa Sékou Diaby